Interview Max – Ambassadeur Hambourg

Bonjour à toi, peux-tu te présenter ?

Maxime, Breton, 30 ans et en Allemagne depuis 7, 8 ans. Après un passage d’un an dans le sud ouest de l’Allemagne, je décide d’aller m’installer à Berlin avant de suivre mon ex à Strasbourg mais l’appel de Berlin était trop fort et je suis revenu à Kreuzberg rapidement. Moi qui étais plutôt disco-house, mon deuxième séjour à Berlin a été une vraie claque techno, des basses plein la gueule et la découverte de l’univers des soirées techno, un monde parallèle qui m’a tout de suite conquis. Ensuite j’ai dû à nouveau suivre ma copine de l’époque pour aller m’installer à Dublin, mais clairement, je me sens plus proche des germains que des british, j’ai décidé de laisser alors ma copine là où elle est et je suis retourné en Allemagne en 2015, cette fois-ci à Hambourg, pour un nouveau job, dans la rédaction en ligne.

Comment as-tu connu la communauté diggers?

À la base, je chinais des sons sur pas mal de groupe électro, comme Weather festival qui est devenu Pas Weather festival puis Techno Drama. De là un gars a posté un lien vers les diggers de Shengen.

Quelle est la situation de la musique électronique à Hambourg ?

C’est quand même une situation que beaucoup de ravers pourraient envier en France. Après Berlin, c’est la ville avec le plus de soirées électro en Allemagne. On trouve chaque weekend minimum 3 soirées électro (house, deep house ou techno). Le techno-tourism n’a cependant, à l’instar de Berlin, pas encore touché Hambourg, c’est-à-dire que je suis souvent en soirée, l’un des rares non-allemands. Il y a quand même quelques points noirs, deux clubs mythiques ont malheureusement fermé il y a peu de temps, comme le Kurhotel, et le jardin d’été du Moloch qui étaient de véritables oasis électro surtout pour les afters le samedi ou dimanche aprem.

Tu connais la raison de ces fermetures?

Ouais, pour le jardin d’été du Moloch c’est à cause du nouveau quartier huppé qui vient d’être construit à quelques centaines de mètres. Et pour le kurhotel, à vrai dire, je me demande comment il a passé les contrôles de sécurité jusqu’en 2017. La boîte était sur 3 étages reliés par des petits escaliers étroits où deux personnes ne pouvaient pas se croiser et tout était en bois, si un gars un peu fatigué s’endormait avec sa clope sur le fauteuil du premier étage, c’était fini pour nous tous, mais bon on serait au moins parti sur du bon son, le sound system était dément !

Les jeunes générations sortent beaucoup ?

Les jeunes (entre 16 et 20 ans) sortent davantage dans les boîtes à enterrement de vie garçon présent sur la Reeperbahn, cette immense rue mélangeant, bars, boite, maison close et épicerie de nuit. Les bars rocks et punk font aussi le plein d’ados. Dans les soirées techno et électro, la moyenne est peut-être un peu plus élevée qu’en France. Il y a trois ans je suis allé à une soirée techno sur la plage Glazart, j’étais avec ma copine, on a dit notre âge, la réponse des teufeurs: « ah c’est bien que vous sortez encore dans des soirées électro à votre âge. »…Je pense que les trentenaires teufent plus ici, c’est moins mal vue qu’en France j’ai l’impression.

Il y a quelques semaines tu nous as faits un report d’une soirée prêt du stade Sankt Pauli où des anarchistes faisaient la teuf, est-ce qu’il y a un côté revendication politique à aller en soirée techno?

Report

Peut-être ouais, l’intolérance n’est pas la bienvenue dans les soirées techno, le slogan : No Homophobia, No racism, No sexism, No xenophobia est répété dans les boîtes et affiché sur les murs. Après il y a deux boîtes où passent souvent de la house ou de la techno, le Golden Pudel et le Rota Flora qui ont une identité de gauche très marquée. Pour le premier, il s’est clairement engagé dans l’accueil des réfugiés ( des sans-papiers étaient même accueillis dans les salles au-dessus de la boite ); et pour le deuxième, c’est un squat anticapitaliste basé sur l’autogestion. Pendant le G20, j’avais participé à une sorte de techno parade dans les rues d’Hambourg, plusieurs labels locaux s’étaient réunis pour défiler sur plusieurs kilomètres, la marche s’appelait : Lieber tanz ich, als G20; en allemand ça rime.

Raconte-nous ce défilé du G20.

C’était Bagdad. Tous les anticapitalistes et les anti-flics avaient rappliqué des quatre coins d’Allemagne et encore plus de flics s’était ramenés, il y avait des brigades de Berlin et de Cologne venus en renfort, ils étaient 30 000 CRS en tout. Toute la ville était bloquée, plus une bagnole dans les rues, le rêve d’Hidalgo. Franchement en vélo s’était génial ! Bon ensuite ça un peu dégénéré. Par contre petite anecdote, dans Shanze, là où c’était le plus chaud, les blacks-blocs ont défoncé les vitrines de tous les grands magasins de vêtements et quelques banques, sauf une vitrine au milieu de tout ça, celle du disquaire. Le plus important est sauf !

Raconte-nous une anecdote croustillante en soirée.

Trop de soirées mémorables mais je me souviens cependant d’une fête illégale organisé dans les bois par le collectif de mon colloc. La fête était à perpète, on a mis 1h pour aller à la station de métro, et ensuite il fallait passer derrière les maisons d’un lotissement, on n’entendait toujours rien, il a fallu marcher en pleine nuit dans les bois et au bout de 10 minutes, on a commencé à entendre un peu les basses. Arrivé là, au bout de 5 minutes, le groupe électrogène a lâché, je suis rentré. La loose

Quels sont tes spots préférés, tes valeurs sûrs pour passer une sacrée soirée dans ta ville?

Mon plan sûr pour avoir du bon son reste le Süd Pole, c’est un peu en dehors du centre, la file d’attente peut-être long mais ça vaut le coup de faire le déplacement. Deux salles, une à l’étage, très house-deep house, l’ambiance est très conviviale, tu danses facilement avec tout le monde et tu as de quoi te poser juste à côté. Au rez-de-chaussée, là ça devient sérieux, l’ambiance est plus lourde, ici impossible de parler avec quelqu’un, tu t’isoles au milieu de la fumée, t’absorbes les basses, tu danses et tu danses. Le system son est vraiment génial, je m’y connais pas assez pour te dire ce que c’est mais ça équivaut au sysiphos. J’ai une petite affection aussi pour le Waagenbau, dans le quartier de Shanze, un poil moins convivial mais là t’es sûr d’avoir du bon son qui tape et de rentrer assez rapidement. C’est un peu plus dark, les murs suintent tellement il fait chaud mais c’est un bon début pour les soirées à Hambourg.

Le collectif local à suivre ?

Celui que je connais le mieux, Stützpunkt. Ils produisent assez peu de tracks mais ils organisent de superbes soirées une fois par mois. Après niveau production, j’aime beaucoup la deep house assez épurée et presque ambiante de Smallville records. Ils ont d’ailleurs un records store au Plattenladen, en Various Artist, où ils ont un super choix de Vinyl électro.

Un dernier mot?

« Moin », prononcer « môgne », c’est le bonjour local, à dire au videur pour paraître p

Commentaires

  • Pas encore de commentaire.
  • Ajouter un commentaire